Plan Marshall 2.0 : un plan truffé de bonnes (vertes) intentions

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Alors que le Plan Marshall manquait d’ambition environnementale, on peut dire que son successeur, version 2.0, affiche de meilleures intentions. Il reste néanmoins que les mesures proposées ne sont pas à la hauteur des enjeux auxquels nous sommes et seront confrontés dans l’avenir.

Le 23 avril dernier, le Gouvernement wallon s’est réuni pour s’accorder sur les grandes lignes de force d’un «Plan Marshall 2.0» sensé poursuivre la voie tracée par le Plan Marshall lancé sous la présente législature.

Moins qu’un plan a proprement parlé, le document issu de ces débats est en réalité une note d’intention balisant les contours d’un potentiel Marshall 2.0 «entendant donner un horizon à la Wallonie». Sources d’inspiration : divers avis émis par le CESRW[Conseil économique et social de la Région wallonne.]], la Commission Zénobe[[Lancée à l’initiative du Ministre Jean-Claude Marcourt, la Commision Zénobe, composée de 33 personnalités de la société civile (patronat, syndicats, monde associatif et de la culture), avait pour mission de «formuler dans un délai de trois mois des propositions concrètes et opérationnelles en faveur du développement socio-économique de la Wallonie, dans une perspective durable, et d’indiquer les modalités de mise en ½uvre». Pour consulter l’avis remis par la Commission Zénobe, [cliquez ici.]] …. ainsi qu’un «Plan pour la maîtrise durable de l’énergie en Wallonie en 2020».

UNE NOTE, TROIS CHANTIERS ET DEUX AXES TRANSVERSAUX

A travers sa note, le Gouvernement propose trois chantiers thématiques :

 la création de l’activité et de l’emploi par les entreprises, la recherche et l’innovation ;

 l’accès à l’emploi par la formation et l’enseignement ;

 la mobilisation du territoire notamment en recentrant l’offre d’espaces à vocation économique sur les zones urbanisées et en accentuant la réaffectation des sites aux fins économiques.

A côté de cela, deux axes stratégiques ont été identifiés dans la perspective claire de dynamiser la Wallonie. Il s’agit, d’une part, d’«inscrire la Wallonie dans la révolution énergétique» et, d’autre part, d’«optimaliser la gouvernance et renforcer l’image de marque de la Wallonie».

S’agissant du volet énergétique, le Plan Marshall 2.0 s’appuie sur un Plan pour la maîtrise durable de l’énergie (PMDE), fruit d’un travail collectif de trois importants bureaux de consultance et de conseil en environnement (Econotec, l’ICEDD[Institut de conseil et d’études en développement durable.]] et l'[IBAM). En guise de préambule, le PMDE rappelle les objectifs énergétiques et climatiques «20/20/20» fixés à l’horizon 2020 (20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre, 20% d’économies d’énergie et 20% de la production issus des énergies renouvelables) que les trois législatures à venir ne pourront ignorer. Ensuite, se basant sur des scénarios de consommation et des potentiels d’économie d’énergie, le Plan présente les axes d’intervention stratégiques et les politiques transversales à développer. Enfin, une politique de soutien au renouvelable pour les secteurs résidentiel, tertiaire, industriel et du transport est détaillée.

Avec ses quelque 200 actions détaillées, ce PMDE va indiscutablement dans le bon sens même si les priorités mériteraient d’être précisées. Il reste à espérer que la majorité appelée à prendre les rennes de la Wallonie au lendemain du 7 juin saura utiliser au mieux les ingrédients mis à sa disposition[Voir aussi notre communiqué de presse [Energie en RW : Les ingrédients sont bons, espérons que le cuistot sera à la hauteur !]].

UNE VOLONTÉ DE CONTINUITÉ…

Marshall 2.0 se veut une poursuite et une amplification du Plan Marshall originel en opérant dans certains cas une réorientation tenant comptes des critiques émises envers celui-ci, notamment en matière de développement durable.

Ainsi, les pôles de compétitivité, mesure phare de Marshall, se voient reconduits et stimulés (au même titre que les clusters, en particulier au profit des PME), leurs recherches se voyant valorisées et ce, tel que recommandé par la Commission Zénobe, pour «maintenir l’enthousiasme et la dynamique (simplification administrative, appels à projets, financement transversal et budget unique».

… ET DE «GREENING»

Ce Plan Marshall 2.0 est et reste un plan de relance économique, certes. Mais l’on y identifie toutefois le soucis des défis majeurs de demain (changements climatiques, crise énergétique, etc.). Le Plan invite ainsi à «très rapidement remettre fondamentalement en cause notre relation avec notre environnement naturel, modifier nos habitudes de vie, revoir notre système de production, de transport, de consommation». L’intégration du message clamé depuis des dizaines d’années par le mouvement environnemental, en somme. On ne peut évidemment que s’en réjouir.

Alors que le Plan Marshall faisait peu de cas du développement durable (DD), le Plan 2.0 semble vouloir lui faire la part (plus) belle.

C’est ainsi qu’il engage à multiplier les appels à projet dans les secteurs porteurs d’avenir à l’instar de l’appel à projet «Efficacité énergétique» qui avait émergé en cours de route sous Marshall 1er. Appel à projet, rappelons-le, à caractère unique et à moyens limités (eu égard à l’enveloppe budgétaire globale). Espérons donc que ces nouveaux appels auront les moyens d’être autre chose qu’une goutte d’eau dans l’océan…

Les pôles de compétitivité se voient eux aussi touchés par l’esprit DD. On garde toutefois les pôles institués dans le cadre du Plan Marshall (vis-à-vis desquels la Fédération avait affiché son scepticisme) sans en créer un spécifiquement «vert».

On peut le regretter car saupoudrer du DD sur tous les pôles de compétitivité ne permettra pas une véritable rupture, les outils et façons de procéder actuels continuant à perdurer… Or, le potentiel des filières vertes (énergie renouvelable, énergie renouvelable, agriculture biologique, etc.) est réel, que ce soit en termes de croissance que d’emplois durables et non-délocalisables.

Mais passé le cap des déclarations de principe, qu’en sera-t-il du côté des réalisations ?

On peut s’interroger sur le devenir de cette note d’intention, pleinement tributaire de la nouvelle majorité régionale, de ses acteurs, de ses priorités budgétaires, etc. Comme si, pour la majorité actuelle, la reconduction semblait acquise…