La Belgique traine la patte dans les négociations européennes sur l’efficacité énergétique

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En novembre dernier la commission européenne a publié un draft du « paquet climat énergie « européen pour 2030. Ce paquet contient de nombreuses propositions législatives européennes qui définiront les politiques énergétiques de notre région-continent dans les 13 ans à venir[Voir nos précédents postes sur les autres aspects du paquet climat énergie 2030 . L’objectif climat hors industrie : [http://www.iewonline.be/spip.php?article8116. Et la directive renouvelable : http://www.iewonline.be/spip.php?article7968]]. Autant dire que ces négociations seront déterminantes pour savoir si oui ou non nous tiendrons les promesses climatiques faites à Paris

L’efficacité énergétique, base de toute politique climatique

Pour y arriver l’efficacité énergétique devra être au centre de nos politiques climatiques. On ne pourra produire de l’énergie à base de renouvelable de manière durable que si on diminue sérieusement notre consommation d’énergie. Bonne nouvelle, la plupart des réductions de consommations sont simples (une bonne chasse au gaspillage) et seront même intéressantes car elles réduiront notre abyssale facture de pétrole, gaz et autre uranium. La Commission européenne estimait d’ailleurs qu’une réduction de 40% de notre consommation d’énergie serait carrément intéressante économiquement pour l’Europe.

Hélas la proposition de directive sur la table de négociations est bien moins ambitieuse. Elle prévoit une réduction de 27% de la consommation d’énergie en 2030. Ce n’est ni plus ni moins qu’un scénario « Business as usual » c’est à dire sans ambition. En effet, le prix de l’énergie poussera de toute façon les acteurs économiques à faire baisser leur facture jusqu’à atteindre ce chiffre de 27%. Mais la crise climatique nous oblige à aller bien au delà de ces mesures les plus rentables… C’est sans doute pour cela que la Commission a revu sa proposition à la hausse et plaide aujourd’hui pour un toujours modeste – 30%. Le Parlement européen propose lui de réduire de 40% nos consommations d’énergie en 2030. Ce qui est déjà nettement plus cohérent !

Des négociations disputées

Les négociations sont en cours. Nos collègues des ONGs européennes distinguent deux camps. D’un coté, l’Allemagne, la France ou encore la Suède semblent les plus progressistes dans ces discussions. A l’autre bout de la table on retrouve les traditionnels pays les plus conservateurs sur les questions d’énergie (la Pologne, la Bulgarie, la Tchequie, la Roumanie) Mais selon ces observateurs, ces pays ont maintenant été rejoints par un petit pays du Nord… La Belgique !

Selon ces différentes sources, notre pays est opposé à la proposition de la Commission de passer à -30% . De même il s’oppose à tout objectif qui serait attribué de manière individuelle aux états membres. Or, on sait grâce au précédent paquet énergie climat (celui qui avait 2020 pour échéance) que les états ont tendance à ne pas faire leurs devoirs s’ils n’ont pas un objectif personnel. Un peu comme chacun d’entre nous dira-t-on… Enfin, la Belgique prône la mise en place de « mécanismes de flexibilité » autrement dit, des jeux comptables qui permettront de tricher sur les chiffres…

La Belgique doit reprendre sa place parmi les pays progressistes

Comment diable notre pays, traditionnellement considéré comme plutôt progressiste se retrouve à défendre ce genre de positions en matière d’efficacité énergétique ! Rappelons que ce sont les 3 Régions qui déterminent ensemble la position de notre pays. Or, il semblerait que le poids du lobby des grosses industries du port d’Anvers ait surtout joué un rôle déterminant sur la position du Gouvernement flamand. Derrière de beaux discours, les grandes industries poussent visiblement une fois de plus pour échapper à toutes contraintes collectives…

Si l’on regarde du côté de la Wallonie, IEW se demande comment la Wallonie peut à la fois lancer une nouvelle stratégie sur la rénovation de ses bâtiments visiblement assez ambitieuse, et, parallèlement accepter que soit défendue en son nom une position aussi catastrophique sur l’efficacité énergétique.

Difficile pour le milieu environnemental d’en savoir plus à ce stade. Mais nos radars seront tournés vers les couloirs du Conseil européen ces prochaines semaines. En espérant que le bon sens reprenne sa place à la table des négociations.