Impacts des changements climatiques : rapport alarmant

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Le climat se réchauffe. Cela ne fait aujourd’hui plus aucun doute. Le rapport préoccupant présenté par le « groupe de travail 1 » du GIEC début février à Paris nous l’a confirmé une fois de plus, rappelant par ailleurs la responsabilité aujourd’hui indubitable de l’Homme dans le phénomène. Mais une facture de chauffage qui a fondu cet hiver ou des températures exceptionnelles observées durant ce mois d’avril, par exemple, pourraient laisser à penser que les changements climatiques ne sont peut-être pas une si mauvaise chose. Rien n’est moins vrai, bien entendu.

Il est tout d’abord nécessaire de rappeler que les premières victimes du réchauffement global seront les pays du Sud, et que le continent africain sera particulièrement affecté. Outre le fait que ces pays n’ont pas les moyens dont nous disposons pour s’adapter aux effets aujourd’hui inévitables du réchauffement, une telle situation est d’autant plus injuste qu’ils en sont largement moins responsables. Un Congolais émet par exemple 15 fois moins de gaz à effet de serre qu’un Belge.

Il convient également de rappeler que si le réchauffement peut sembler avoir certains effets positifs à court terme dans nos contrées, nous serons de toutes façons perdants à plus longue échéance. Et même dans un avenir proche, nous subirons les effets – environnementaux, mais aussi économiques ou sanitaires – néfastes des changements climatiques : les inondations se feront plus nombreuses, les vagues de chaleur également (celle de 2003 a entrainé près de 1300 décès supplémentaires), les pratiques agricoles sont aujourd’hui perturbées, etc.

Les conclusions du « groupe de travail 2 » du GIEC, présentées à Bruxelles début avril, sont pour le moins alarmantes. Ainsi par exemple, « En Europe du Sud, les changements climatiques devraient aggraver les conditions (hautes températures et sécheresse) dans une région déjà vulnérable à la variabilité climatique, réduire la disponibilité en eau, le potentiel hydroélectrique, le tourisme estival, et en règle générale la productivité des cultures. Les projections montrent aussi une augmentation des risques pour la santé liée aux vagues de chaleur ainsi qu’une fréquence accrue de feux de forêt. En Europe centrale et orientale, les projections montrent une diminution des précipitations en été, avec une augmentation du stress hydrique. Les projections montrent une augmentation des risques pour la santé liée aux vagues de chaleur. On s’attend à un déclin de la productivité forestière et une augmentation de la fréquence des feux de tourbières. » (1)
A l’échelle mondiale, les conséquences seront elles aussi dramatiques : les ressources en eau seront très lourdement affectées, en particulier dans des zones géographiques connaissant déjà aujourd’hui des déficits importants. De nombreux écosystèmes (forêts primaires, récifs coralliens, etc.) subiront de plein fouet les changements de climat, dont la rapidité ne leur permettra pas, pour la plupart, de s’adapter (20 à 30% des espèces végétales et animales devraient ainsi disparaître, même si nous réduisons de manière importante nos émissions). La production alimentaire sera elle aussi sérieusement perturbée. Les conséquences sanitaires seront très graves : accroissement de la malnutrition, du nombre de décès liés aux évènements climatiques extrêmes, de maladies cardio-respiratoires ou de la répartition spatiale de certaines maladies infectieuses. Et aucun secteur de la société ne sera épargné : les industries, en particulier celles dépendant de ressources hydriques ou situées dans des zones sujettes à des évènements climatiques extrêmes, payeront elles aussi lourdement la facture.

Et ce n’est là qu’une liste partielle de ce que nous connaîtrons si nous n’inversons pas rapidement la tendance. C’est d’ailleurs sur les solutions à envisager pour limiter la hausse globale des températures que se sont penchés la semaine dernière les membres du troisième groupe de travail du GIEC à Bangkok. Trois éléments majeurs ressortent de leur rapport : on dispose des moyens pour enrayer ce processus de réchauffement et limiter ses effets en termes de changements climatiques ; la mise en ½uvre de ces moyens sera nettement moins coûteuse que les conséqeunces de l’inaction; tout retard dans cette mise en ½uvre compromet d’autant ses chances de succès. Le message à l’attention des responsables politiques est donc on ne peut plus clair: le temps n’est plus aux tergiversations mais bien à une action aussi rapide que radicale. IEW adhère totalement à cette analyse et espère que l’appel sera entendu par les partis qui négocieront le prochain accord de gouvernement. Le contraire serait d’autant plus incompréhensible que tous ont fait du climat une des priorités de leur programme pour les législatives du 10 juin prochain et que plusieurs ont déjà soutenu publiquement l’idée d’un Pacte écologique dans lequel la lutte contre le réchauffement climatique constitue une pièce maîtresse.

(1) Une traduction non-officielle en français du résumé à l’intention des décideurs peut être consultée sur ce site.

Pour en savoir plus sur les effets des changements climatiques en Belgique, consulter le rapport réalisé par Philippe Marbaix et Jean-Pascal Van Yperseele (UCL) : « Impacts des changements climatiques en Belgique »

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