Emissions CO2 des voitures neuves : réduction plus facile que prévue…

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Les constructeurs automobiles ont surestimé le temps qui leur était nécessaire pour satisfaire aux objectifs de réduction des émissions de CO2 des voitures neuves et atteindront ces objectifs plusieurs années avant l’échéance qui leur est légalement assignée : telle est la conclusion d’un rapport publié ce jour par la Fédération européenne Transport and Environment (T&E).
Pour T&E, dont l’analyse est partagée la Fédération Inter-Environnement Wallonie, Greenpeace et le Bond Beter Leefmilieu, ces résultats démontrent que « quand on doit, on peut » et les objectifs de réduction pour les utilitaires légers actuellement discutés au niveau européen doivent dès lors être rendus plus ambitieux.

Selon l’étude de T&E, les constructeurs automobiles ont enregistré en 2009 une diminution record de 5,1% de la moyenne des émissions des véhicules neufs. Les analystes attribuent généralement cette diminution aux effets conjugués de la crise financière et des subsides versés à l’achat de voitures neuves qui auraient eu pour effet de réorienter le choix des consommateurs vers des véhicules moins chers, donc plus petits et (en grande majorité) moins polluants. Le rapport montre que ces deux éléments n’expliquent pas tout et que plus de la moitié des réductions enregistrées en 2009, soit environ 3% d’amélioration de l’efficacité énergétique, sont imputables à des progrès technologiques.

Si certains constructeurs comme Hyundai, Fiat et Suzuki, ont réalisé de grosses réductions grâce à la vente de plus petits véhicules, des réductions plus importantes encore ont été enregistrées grâce à l’application de nouvelles technologies, notamment chez Toyota, Daimler, Mazda et Ford.

Pour Joeri Thijs, de Greenpeace : « Ces données montrent que les fortes améliorations enregistrées l’année passée ne sont pas uniquement attribuables à une cause conjoncturelle, un glissement momentané vers des voitures plus petites ; les constructeurs ont également utilisé des technologies qui réduisent la consommation de carburant et donc les émissions de CO2. La tendance est bien structurelle et continuera à produire ses effets sur le long terme. Quoique peu ambitieux, le règlement européen sur les émissions de CO2 s’avère clairement efficace. »

C’est Toyota qui a accompli les progrès les plus importants en 2009. Le constructeur japonais a baissé la moyenne des émissions de CO2 de ses véhicules de 10% et se trouve d’ores et déjà très près de son objectif 2015. BMW, qui avait réalisé les réductions les plus importantes en 2007 et 2008, n’a réalisé qu’une diminution inférieure à 2%. Ce constructeur devra donc trouver un nouveau souffle pour aller au-delà des très bons résultats de son programme « efficient dynamic ».

Le groupe Volkswagen, premier vendeur de voitures en Europe, a déçu à la fois selon le critère de la moyenne des émissions des voitures vendues (12ème sur 14) et selon le critère du progrès annuel (10ème sur 14), cela en dépit de quelques modèles qui présentent des émissions de CO2 fort basses. Selon le rapport, pour VW, la part de marché des véhicules les plus efficaces reste relativement basse par rapport à d’autres constructeurs. Ceci explique pourquoi la moyenne des émissions CO2 des nouveaux véhicules du groupe est encore plus élevée que la moyenne de BMW alors que ces véhicules sont en moyenne 8% plus légers et 27% moins puissants.

Ces résultats ne manquent pas d’interpeller et apparaissent lourds d’enseignements à l’heure où se décident au niveau européen les objectifs de réduction qui seront imposés pour les véhicules utilitaires légers. En 2008, en effet, les constructeurs automobiles avaient mené un lobby très agressif pour faire reporter de trois ans l’échéance à laquelle la moyenne des émissions des voitures neuves vendues en Europe devrait atteindre 130 g/km. Ils avaient été entendus, la deadline passant de 2012 à 2015 dans le règlement européen 443/2009. Aujourd’hui, ces constructeurs lobbyent à nouveau pour affaiblir les objectifs et reculer les échéances de la législation sur les utilitaires légers.

Pour Pierre Courbe, d’Inter-Environnement Wallonie : « Il y a trois ans, l’industrie automobile prétendait ne pouvoir que très difficilement atteindre en 2015 des objectifs… qu’elle est en passe de satisfaire avec plusieurs années d’avance ! La même industrie affirme à présent que les limites d’émissions de CO2 que l’on veut imposer aux utilitaires légers sont trop ambitieuses ; il est temps de s’interroger sur la crédibilité de ces affirmations… »

Note:
Le rapport complet peut être téléchargé à partir du site de T&E : www.transportenvironment.org
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