Ecologie post mortem

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En cette période de Toussaint, beaucoup d’entre se sont rendus dans ces lieux de recueillement que sont les cimetières. Ces espaces sont certes conçus et gérés dans un souci du respect des défunts et leur famille. Mais qu’en est-il de la gestion écologique des activités funéraires ? Malgré toute la charge émotionnelle que cela peut soulever, il nous semble que la question mérite d’être posée. D’autant qu’à y regarder d’un peu plus près, un certain laisser-aller existe en Wallonie sur l’ensemble de cette filière (cimetières, centres de crémation, sépultures, cercueils, etc.) avec pour conséquence prévisible, un accroissement de la pollution de l’air, des nappes phréatiques, des polluants dans le sol et donc des implications sur la santé humaine…

Concernant l’entretien des cimetières tout d’abord, ceux-ci sont en fait exemptés de l’interdiction des traitements herbicides (Arrêté de l’Exécutif Régional Wallon de 1984) appliquée sur les lieux publics. Les traitements chimiques y sont réguliers alors que de nombreuses alternatives au désherbage existent (voir la position d’IEW pour des espaces publics sans pesticide). Côté crématoriums, les émissions dans l’atmosphère ne sont pas anodines : dioxines, poussières, gaz nocifs, mercure issu des amalgames dentaires, etc.

Les aspects matériels comme la composition des cercueils, des garnitures, des housses destinées à contenir les dépouilles, etc., sont définis dans l’arrêté royal du 26 novembre 2001. Celui-ci stipule notamment que les garnitures intérieures et les housses peuvent uniquement se composer de produits naturels biodégradables. Vu l’absence de pro-activité des autorités wallonnes sur ce domaine, l’utilisation des matériaux classiques reste pourtant la norme : garnitures contenant des métaux lourds, housses mortuaires en PVC, cercueils contenant du formaldéhyde, etc. Alors que des alternatives existent sur le marché. La société Arteus Europa, par exemple, propose des produits funéraires à base de matériaux écologiques et biodégradables.

La Flandre a compris les enjeux environnementaux liés à la gestion des activités funéraires. Elle a adopté dès 2002 des normes d’émissions pour les crématoriums, qui se sont vus obligés de s’équiper de filtres, et a imposé de nouvelles exigences aux fabricants de cercueils. La Wallonie et Bruxelles restent, elles, à la traîne au niveau des textes. En Région wallonne, les crématoriums sont soumis au permis d’environnement mais les conditions sectorielles ne sont pas fixées. Rien n’oblige donc à l’installation de filtres.

Soulignons enfin que, dans tout le pays, même quand les normes existent, les contrôles, eux, sont inexistants, tant pour l’inhumation que pour la crémation. Ils sont évidemment très délicats à pratiquer. Les autorités se doivent d’agir en ce domaine qui ne relève pas seulement de l’ordre symbolique (respect tant des vivants que des défunts) mais concerne un grand pan de la société : hôpitaux, pompes funèbres, services sociaux, espaces verts …et un jour ou l’autre chaque citoyen.

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