Pendant que le rail fait ceinture, on engraisse l’aérien…

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La semaine dernière, 193 trains de la SNCB étaient supprimés, privant quelque 2.800 personnes de leur moyen de transport quotidien pour se rendre au travail ou à l’école. Par manque de moyens, le projet de plan d’investissement pluriannuel 2013-2025 de la SNCB envisage de « rationnaliser » l’entretien des lignes régionales au risque de devoir en fermer plusieurs dans les années à venir. C’est dans ce contexte de rigueur budgétaire où des efforts conséquents sont imposés aux citoyens et aux entreprises que l’État vient de décider de voler au secours du secteur aérien… en-dehors même d’une demande spécifique de celui-ci !

La concurrence faussée existant entre les différentes compagnies de ce secteur soumis aux règles de la libre concurrence doit-elle vraiment être résolue à coup de deniers publics ? N’est-ce pas plutôt dans un pilotage visant à réguler les excès de certaines compagnies (et notamment leurs politiques sociales) que la puissance publique se doit d’intervenir ?

Par ailleurs, alors que le récent sommet climatique de Doha s’est clôturé de manière décevante, il importe de ne pas succomber aux mirages d’une politique court-termiste négligeant la prise en compte des enjeux globaux. Alors que la réduction massive des émissions de gaz à effet de serre constitue une priorité absolue, est-il raisonnable de soutenir un secteur qui avec ses 4,4 millions de tonnes de CO2 en 2009, représente 3,3% des émissions de gaz à effet de serre de la Belgique et affiche une augmentation constante qui atteint 42,3% depuis 1990 ?

L’Etat fédéral et les Régions ont aujourd’hui le devoir d’arrêter de soutenir des secteurs que l’on sait non pérennes ; il lui faut prioritairement penser à la reconversion de notre modèle de développement. Ce sont les emplois durables et non délocalisables qui doivent être soutenus et développés. Des secteurs comme l’agriculture, l’éducation, la justice ou encore la mobilité durable ont besoin de moyens supplémentaires.

Le budget prévu pour le plan d’aide au secteur aérien de 20 millions d’¤ par an permettrait d’entretenir 200 km de lignes ferroviaires supplémentaires chaque année. Pour Inter-Environnement Wallonie, permettre à des milliers de citoyens d’aller chaque jour au travail ou à l’école en train, qui est un moyen de transport sécurisé, économique et écologique, doit être prioritaire par rapport au développement d’un transport polluant principalement utilisé à des fins de tourisme non durable.