Le Forum Nucléaire s’offre un sondage. On est content pour lui…

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Le Forum Nucléaire, organisation regroupant les professionnels de l’atome, a présenté ce jeudi les résultats d’un sondage sur les Belges et le nucléaire. Il en ressort, notamment, que nos compatriotes ne seraient pas aussi réticents qu’on le dit à l’atome.
La plate-forme Stop and Go[[Initiée par les organisations environnementales Inter-Environnement Wallonie, Bond Beter Leefmilieu, Greenpeace et WWF, la plateforme Stop and Go mobilise la société civile en faveur de la sortie du nucléaire et du développement des énergies renouvelables. Plus d’une centaine d’organisations appartenant au secteur culturel (Ancienne Belgique, Théâtre de Poche, Kaaitheater…), au mouvement Nord-Sud (CNCD -11.11 .11, Oxfam…) et autres instances de la société civile (Gezinsbond…) s’y sont associées. La plateforme a notamment lancé une pétition ayant recueilli plus de 100.000 signatures autour de ses objectifs.]] s’interroge fortement sur la fiabilité de cette étude d’opinion sachant que près d’une personne interrogée sur deux y dit considérer le Forum Nucléaire comme une source d’information objective. Stop and Go considère en outre que des choix politiques capitaux ne s’opèrent pas en fonction de sondages. Pour la plate-forme, en Belgique comme dans plusieurs autres pays d’Europe, le nucléaire a son avenir derrière lui.

Le sondage dévoilé ce jour constitue le point d’orgue d’une vaste campagne de promotion en faveur de l’atome menée par le Forum Nucléaire depuis plusieurs semaines. Une campagne dont le coût se chiffre en centaines de milliers d’euros et qui a pour objectif d’enrayer le mouvement populaire en faveur de la sortie du nucléaire. C’est que, en Belgique comme ailleurs en Europe, un vent contraire souffle sur l’énergie atomique.

En Italie, une écrasante majorité de citoyens s’est prononcée par référendum contre la construction de nouvelles centrales. En Allemagne, le gouvernement d’Angela Merkel a enclenché le processus de sortie du nucléaire. En Suisse, les autorités ont décidé d’une sortie progressive, au rythme de la fermeture des centrales arrivées au terme de leur durée de vie. La nouvelle unité nucléaire néerlandaise prévue à Borssele a été abandonnée suite à des problèmes de financement. Même en France, le mouvement est en marche: le candidat PS à la présidentielle, François Hollande, a ainsi annoncé son intention de réduire la part d’électricité produite par le nucléaire de 80% à 50%.

Mais pendant que le Forum exerce son lobby, l’actualité témoigne du danger et de la démarche rentabiliste de l’industrie nucléaire. Rien que cette semaine, la presse s’est faite l’écho de deux éléments particulièrement édifiants. D’une part, une inspection surprise menée par l’Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN) sur le site de Dessel où Belgoprocess stocke les déchets radioactifs en attente de traitement a mis à jour de graves lacunes en matière de sécurité. D’autre part, il est apparu que GDF-Suez Electrabel avait versé, en 2011, 231 millions d’euros trop peu dans le fonds pour le démantèlement de ses centrales nucléaires et le traitement des déchets radioactifs dangereux.

On pourrait contester les résulats du sondage commandé par le Forum en leur opposant ceux d’autres études d’opinion représentatives. Ainsi, celle menée en novembre 2011 par IPSOS pour Greenpeace montre que deux Belges sur trois sont d’accord avec la fermeture des trois plus vieux réacteurs en 2015, conformément à la loi sur la sortie du nucléaire votée en 2003. Cette tendance est confirmée par les sondages d’iVox en mars 2011 (61,6% pour la sortie nucléaire) et d’Ipsos Global en juin 2011 (62% pour). Mais tout cela n’est somme toute qu’anecdotique ; les choix politiques d’un pays ne s’opèrent en effet pas sur base de sondages. Si la Belgique a choisi de sortir progressivement du nucléaire, c’est parce que cette énergie appartient au passé et que l’intérêt collectif impose de se tourner sans délai vers d’autres sources à la fois propres et renouvelables.