L’avenir de l’automobile : les limites d’un modèle

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Durant la seconde moitié du vingtième siècle, nos sociétés ont été marquées par d’importantes modifications structurelles. Notamment l’éparpillement de l’habitat et des lieux d’activités (travail, achats, loisirs) sur tout le territoire. Les valeurs communes ont également connu de profondes mutations: évolution vers des modes de vie de plus en plus individualistes et valorisation de la mobilité au sein des structures sociales et spatiales. Cette évolution est intimement liée au développement fulgurant du transport individuel (le parc de voitures particulières a augmenté de 520% entre 1960 et 2000 – source: INS portail mobilité). L’automobile avait toute sa pertinence dans ce modèle sociétal. Mais le modèle montre aujourd’hui ses limites. Chaque année, les voitures particulières roulent 79,55 milliards de km (source: INS portail mobilité) sur les routes belges: 5438 fois le tour de la Terre… En résultent problèmes de congestion, sur-consommation énergétique (les transports engloutissent environ 50% du pétrole importé en Belgique), atteintes à la santé et… pollution. En matière de changement clilmatique, le constat est clair: les émissions de gaz à effet de serre du transport ont augmenté de 30% sur 13 ans et représentent aujourd’hui 18,5% des émissions totales de la Belgique.

On ne peut passer outre ce constat. Le défi climatique est LE défi majeur auquel est confrontée l’humanité. Le modèle sociétal et le modèle de mobilité de demain devront en tenir compte. La transition vers cet autre modèle doit, pour s’effectuer avec le moins de casse possible, être initiée dès aujourd’hui. Et reposer sur la réduction de la demande, le transfert vers les modes de transport les moins polluants et l’amélioration de l’efficacité énergétique des véhicules. Sur ce dernier point, l’attitude du secteur automobile relève d’une vision à très court terme. Si certains modèles à faibles émissions de CO2 font timidement leur apparition sur le marché, les stratégies marketing visent principalement à promouvoir les modèles haut de gamme (lourds et puissants), ceux sur lesquels les marges bénéficiaires sont les plus larges. Et cela marche… Ainsi, il est clair aujourd’hui que l’objectif de réduction des émissions de CO2 au niveau européen (140 gCO2 /km à l’horizon 2008) ne sera pas atteint. En campant sur cette attitude, en tentant d’éviter tout cadre normatif qui lui permettrait de réduire les émissions spécifiques de CO2 comme ont été réduites les émissions de polluants locaux grâce aux normes Euro, l’industrie automobile se condamne elle-même. Prise dans une logique de globalisation, dans une logique de profit à court terme, elle se condamne à des réformes en profondeur, douloureuses, lorsque les défis énergétiques (pris du baril) et environnementaux (effet de serre) ne pourront plus être ignorés. C’est à dire demain.