Energies : il y a subsides et subsides…

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Depuis quelques années, le soutien aux énergies renouvelables en Belgique comme dans d’autres pays de l’Union européenne est critiqué par une certaine frange du monde politique et économique au motif que ces aides pèsent à la hausse sur le prix de l’’énergie. Un rapport rendu public au mois d’octobre par la Commission européenne fait le point sur l’ensemble des aides accordées dans le domaine de l’énergie et des coûts externes des différentes énergies. Cette étude présente un certain nombre d’éléments intéressants.

L’étude montre que pour l’année 2012, les 28 États membres ont accordé 122 milliards d’euros d’aides publiques toutes énergies confondues. Contrairement à ce que certains voudraient faire croire, ce soutien ne concerne pas exclusivement ni même majoritairement les énergies renouvelables et n’est donc pas récent. Ainsi, la Commission estime les aides historiques produisant encore des effets à l’heure actuelle à 9 milliards d’euros en 2012. Le tableau suivant liste les montants par technologie et par année attribués aux différentes filières. Si les énergies renouvelables obtiennent les plus gros soutiens financiers directs (±41 Mds d’euros), on constate que les énergies fossiles tout comme le nucléaire sont encore très largement subsidiées (±22 Mds d’euros). Un autre enseignement intéressant concerne le budget alloué aux économies d’énergie (±9 Mds d’euros) qui reflète bien le manque d’ambition des pays européens en la matière, ceux-ci préférant accorder des montants substantiels à la demande en énergie (±27 Mds d’euros) en plus des budgets alloués par filière technologique.

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L’analyse pays par pays montre que la Belgique (±3 Mds d’euros) occupe la septième place des pays européens apportant le plus d’aides directes aux énergies.

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Un des éléments les plus intéressants de cette étude concerne les coûts externes des différentes énergies. Le total de ces coûts est estimé en 2012 pour l’ensemble de l’UE à 200 Mds d’euros. Le réchauffement global représente près de 50% du montant, suivi par l’épuisement des ressources énergétiques (22%) et la formation des microparticules (15%). La figure suivante ventile ces différents coûts selon les filières énergétiques. Sans trop de surprises, les énergies fossiles (charbon, lignite et pétrole) arrivent en tête des énergies ayant les coûts externes les plus élevés. Pour toutes ces énergies, le coût externe s’élève à plus de 80 euros/MWhe produit. Les énergies renouvelables ont quant à elles, un coût externe inférieur à 20 euros/MWhe produit. De façon assez surprenante, l’énergie nucléaire se situe dans la fourchette basse des coûts externe, avec un coût légèrement supérieur à 20 euros/MWhe. Le coût des accidents nucléaires semble ici peu pris en compte dans les calculs, il représente au plus quelques euros par MWhe produit. La méthodologie est interpellante quand on prend conscience des coûts engendrés par l’accident de Fukushima. Les autorités japonaises avaient estimé à 36 Mds d’euros, le montant nécessaire à la réparation des dégâts de la catastrophe. Or une étude récente de deux universitaires japonais a affirmé que ces coûts atteindraient au minimum 80 Mds d’euros soit deux fois plus qu’estimé, sans tenir compte des coûts indirects produits par cette catastrophe, notamment des coûts environnementaux. Ainsi, la seule mise aux normes de l’ensemble des réacteurs nippons devraient coûter plus de 15 Mds d’euros. Ce coût pour la gestion de cette catastrophe ne se situe donc pas loin du montant global accordé aux énergies dans l’UE.

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Cette étude a le mérite de faire le point sur le paysage européen du soutien public aux énergies et permet de mettre l’accent sur deux éléments souvent évoqués par le monde environnemental.

  1. Le premier est que le système énergétique a de tout temps été subsidié et le sera encore pour longtemps. Les énergies renouvelables pèsent sur le prix de l’énergie mais sont loin d’être les seules à être soutenues par les pouvoirs publics.
  2. Le second élément important montre que les coûts externes des énergies fossiles, pourtant toujours soutenues par les États membres, alourdissent très nettement la facture.