Emissions réelles des véhicules : de premiers résultats très alarmants en France

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Suite au scandale de triche sur les systèmes de dépollution des automobiles (« VWgate » ou « dieselgate » voir ici et ici), de nombreux Etats et Régions ont entamé des opérations de contrôle des émissions. C’est le cas de la Wallonie. C’est également le cas de la France, où de premiers résultats viennent d’être rendus publics par deux ONG membres de la commission de suivi des tests.

Cet article s’inspire largement du communiqué de presse de T&E.

La commission indépendante dite « Commission Royal » a été constituée afin d’assurer le suivi des tests d’émissions de 100 véhicules diesel. Les tests ont été confiés à l’UTAC[[UTAC : l’Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle, est une entreprise française chargée notamment de la certification de l’homologation et des essais techniques sur les véhicules.]]. Un protocole d’essais « visant à identifier les véhicules potentiellement équipés d’un système de fraude antipollution » a été adopté. Les objectifs sont de détecter un éventuel système de leurre antipollution et de vérifier le respect des exigences d’homologation. Le principe est de réaliser des essais discriminants dans des conditions d’homologation en modifiant certains paramètres d’essais afin d’identifier différents types de leurres potentiels. On sait en effet que les systèmes de fraude ont pour principe de détecter les paramètres d’essai officiels (conditions d’homologation) afin d’activer les systèmes antipollution – et les désactiver ou « sous-activer » en-dehors lorsque ces paramètres ne sont pas détectés. Deux types d’essais ont été retenus : sur bancs de rouleaux (avec une procédure modifiée par rapport à la réglementation) et sur piste d’essais.

Membres de la Commission Royal, France Nature Environnement (FNE) et le Réseau Action Climat (RAC) proposent un premier retour concernant les travaux de cette commission. À ce jour, la commission d’enquête est en possession des résultats des tests effectués sur vingt-deux véhicules de dix marques différentes et a auditionné quatre constructeurs (Opel, Ford, Renault et BMW).

Le premier constat de FNE et du RAC est que les tests laissent voir des disparités très variables entre les émissions mesurées en laboratoire à différentes températures et les émissions mesurées sur piste (voir figure en bas d’article). Les premiers résultats confirment donc les soupçons de « sur-optimisation » des véhicules lors des tests en laboratoire en vue d’obtenir leur homologation. De plus, il apparait que certains véhicules dépassent de manière démesurée les seuils des normes d’émissions.

Enfin, et cela est plus surprenant, des différences marquées apparaissent aussi bien entre véhicules d’un même constructeur qu’entre les différentes marques automobiles.

Les dépassements ne doivent pas rester sans réponse

Au regard des résultats, les ONG saluent les efforts consacrés à l’organisation de la commission de test indépendante mais s’interrogent sur les suites qui lui seront données.
Que va-t-il advenir des véhicules dont les émissions dépassent en utilisation normale trois, cinq voire dix fois les seuils autorisés par les normes ? Les explications données à ce jour par les constructeurs ne sont pas rassurantes : pour la plupart[[Les tests de la commission ainsi que les auditions sont en cours, tous les véhicules n’ont pas été testés et tous les constructeurs automobiles n’ont pas été auditionnés]], la fiabilité du moteur exige que le dispositif de dépollution soit éteint ou réduit dans certaines conditions largement rencontrées dans les conditions normales d’utilisation du véhicule.
Le Réseau Action Climat et France Nature Environnement souhaitent que la lumière soit faite sur les origines et les raisons des écarts constatés et que des réponses politiques soient apportées pour corriger cette situation très dommageable à la santé publique et au changement climatique.
Les résultats confirment également la nécessité de mettre sur pied un système de test d’homologation indépendant, en conditions réelles de circulation, pour s’assurer que les agences de certification effectuent les essais de façon à fournir des données fiables et représentatives des émissions réelles de tous les véhicules.

La qualité des réponses qui seront apportées dépendra principalement de la capacité des autorités politiques à s’affranchir de l’influence du lobby automobile. Ce qui n’est pas gagné dans certains Etats[[Notamment l’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni, la Suède…]] où l’industrie automobile a déjà démontré à maintes reprises sa faculté à placer ses intérêts financiers au cœur de l’action politique, au mépris de la préservation de la santé publique et de l’environnement. L’action associative et citoyenne est plus que jamais nécessaire.

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