Contournement de Couvin : en route vers le passé…

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Ce vendredi 16 septembre 2011, les travaux du contournement de Couvin ont officiellement débuté. Nombreux sont les Couvinois, soumis à un intense trafic de poids lourds, à se réjouir. Certains n’ont pas hésité, pour l’occasion, à récrire l’Histoire, affirmant que le coup de pelle symbolique de vendredi mettait un terme à 38 ans d’attente. Or, il y a 38 ans, la population de Couvin, dans sa grande majorité, rejetait le contournement !

C’est l’évolution du trafic associée à l’absence de mesures volontaristes de gestion de la circulation dans l’agglomération et dans la région qui a modifié sa position. Par contre, la réponse des pouvoirs publics, elle, n’a pas été modifiée : aux problèmes de trafic, on répond encore et toujours par la construction de nouvelles infrastructures routières…

Défi climatique (et nécessité de réduire drastiquement les émissions du transport), pic de production de pétrole (et très forte augmentation prévisible du prix des carburants) : pour n’en citer que deux, voilà des cadres de réflexion dans lesquels s’inscrire dès lors qu’il s’agit de répondre aux problèmes de mobilité. Pas en Wallonie, visiblement, où l’on reproduit les gestes du passé. Où l’on perpétue les habitudes de décennies de « tout à la route » durant lesquelles on a développé le réseau routier au-delà du gérable (l’entretien des 23,8 km de route par 1000 habitants que compte notre Région est un problème budgétaire sans solution), durant lesquelles on a négligé les autres modes de transport, durant lesquelles on a accordé toujours plus de place à la circulation automobile, durant lesquelles les enjeux environnementaux et sociétaux ont été ignorés ou tournés en dérision.

Il existe un problème de nuisances graves à Couvin, c’est une réalité indéniable. Le trafic poids lourds est trop important ; la voirie est inadaptée. Mais des outils tels que analyse fine du trafic (origines et destinations), limitation du transit, définition d’itinéraires bis ciblés, gestion du trafic dans l’agglomération n’ont pas été mobilisées pour répondre aux dits problèmes. Il semble plus simple de sacrifier la nature environnante (le franchissement du Ry de Rome sur remblais constitue une monstruosité comme il en existe heureusement peu d’exemples) et de dépenser environ 200 millions d’euros pour construire 14 km de nouvelle infrastructure censés « désenclaver » (mythe dont la vacuité a été démontrée à suffisance) la région. Et pendant ce temps, la dotation aux TEC est gelée (l’offre risque d’en souffrir…), le plan Velo Plus (300 millions d’euros à investir sur huit ans pour doter la Wallonie d’une vraie politique cyclable) attend dans les tiroirs depuis dix ans… Et l’on est seulement en train de doter l’administration wallonne d’une cellule ferroviaire !

En empruntant cette route, assurément, les voitures et camion pourront filer à toute allure… vers les politiques de mobilité du passé.