A qui profite la CREG ?

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Nous avons découvert avec étonnement et incompréhension l’avis de la Commission de régulation de l’électricité et du gaz (CREG) mettant en cause la politique énergétique menée par le gouvernement fédéral sous la conduite du Ministre Wathelet. Par-delà les inconséquences de son contenu, la stratégie prônée dans cette position fait en effet peser une menace sur notre sécurité d’approvisionnement à moyen terme.

Invitée à se prononcer sur la procédure d’appel d’offres pour la construction de nouvelles « installations de production d’électricité de type cycle combiné à gaz » qui bénéficieraient d’un soutien public sur une durée maximale de 10 ans, la CREG a rendu ce 7 mai un avis incendiaire. Elle y dénonce pêle-mêle le choix « contestable technologiquement et économiquement constitutif d’une distorsion de la concurrence » du soutien à cette technologie, le principe même d’un soutien public par lequel l’Etat « se substitue au marché », l’absence d’analyse des besoins ou encore « l’opportunité de subsidiation de nouvelles capacités coûteuses alors que l’on veut fermer des capacités nucléaires existantes à faible coût ».

On ne peut qu’être étonné par cette prise de position emplie de mauvaise foi (plusieurs études sur les besoins ont été réalisées au cours de ces dernières années dont un volumineux rapport « Energie 2030 » sur base duquel le gouvernement a défini sa politique) et en contradiction avec des recommandations portées par la CREG elle-même (qui, par exemple, écrivait dans un rapport de juin 2011 sur les investissements à prévoir : « pour la couverture de la charge de base : turbines à gaz à cycle combiné (TGV) de 400 MW »…).

L’étonnement fait place à l’incompréhension lorsque la CREG conteste explicitement la sortie progressive du nucléaire décidée et programmée par le gouvernement. D’une part, il n’appartient pas au régulateur de mettre en cause des décisions de l’exécutif. D’autre part, pour l’avoir elle-même dénoncée dans le passé, la commission connaît mieux que personne l’impasse que constitue l’incertitude autour de la sortie du nucléaire. Envisager que les échéances de fermeture puissent être « prolongées de quelques années », c’est dissuader les investisseurs de se lancer dans des infrastructures de production alternatives et, in fine, compromettre le succès d’un abandon de l’atome en toute sécurité d’approvisionnement.

Par-delà nos interrogations sur les motivations de ce qui s’apparente à un coup de pied de l’âne (Trop grande proximité de certains dirigeants avec Electrabel-GDF ? Mauvaise humeur ou amertume d’une direction en fin de mandat ?),nous appelons donc le gouvernement à tenir pleinement le cap énergétique qu’il a tracé.